Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le troubadour
13 mars 2015

Le Nous petit bout de ma vie

Le Nous petit bout de ma vie

 

« Nous », c'était d'abord un couple d'hétéros de la cinquantaine.

Son libertinage à lui l'avait amenée elle dans mes bras pour que l'on s'aime. Alors que j'avais à peine six ans il en avait fait ma maman, mon associée, ma confidente et déjà ma meilleure amie. Pendant les sept ans qui avaient suivi il l'avait aidée à me faire découvrir le meilleur de la vie, incluant la beauté d'un corps de femme, de l'amour qu'il pouvait offrir. Quand il avait jugé que j'étais prêt il l'avait mise dans mon lit avec une autre femme que j'aimais. Il me l'avait offerte. Le sexe, la découverte des femmes dans ce qu'il y a de plus raffiné, de plus pur, de plus vrai, de plus profond, non pas l'amour vite fait mais le sexe comme un diamant à l'état brut, où chaque étape compte pour en obtenir la pierre la plus pure et aux facettes multiples et infinies, façonnée avec désir, fougue, passion, tendresse, humilité, douceur. Des préliminaires jusqu'à effondrement total dans l'extase absolue, elles m'avaient si bien moulé et formé que j'avais fini par égaler le maître. Ils étaient toujours là pour moi. Ils m'avaient appris la vie, l'amour, la vengeance, le respect.

 

« Nous ». C'était aussi un couple lesbien; Sylvie vingt huit ans, une des plus belles filles du monde avec qui l'amour qui nous liait n'avait aucun autre comparatif. C'était le luxe du luxe. Un frôlement, un regard, un mot de l'autre était déjà l'amour. Nous fusionnions en un seul corps. Deux êtres que tout opposait mais toutes ces oppositions s'étaient métamorphosées, créant l'union parfaite. Le sexe, elle lesbienne, moi hétéro, l'amour vrai sentiment nous avait permis de découvrir l'orgasme pur.

L'alchimie d'un regard uniquement faisait, avec pour seul support la tendresse, avec comme seul moteur l'amour, avec un seul contact, un effleurement de peau validait un acte sexuellement abouti d'orgasmes d'une richesse incroyable.

Elle, milliardaire, avait le monde de la finance à ses pieds. On lui déroulait le tapis rouge partout où qu'elle aille.

Moi, pour entrer dans ce milieu, il m'avait fallu enfoncer des portes, défoncer des salopes, ruiner des réputations.

Nous nous étions rencontrés dans une de ces réunions de clan fermé. Quelques fils à papa ,dont on avait retiré le respect et le savoir vivre des manuels d'éducation comptaient se faire une partie de jambes en l'air avec elle. Sur le parking de ce manoir, ils voulaient lui faire connaître le bonheur, ceci malgré le refus répété plusieurs fois par Sylvie. La connerie débordante de leurs cerveaux sur-imbibés d'alcool n'avait pas arrangé leur défaillance d'éducation.

Il m'avait fallu intervenir. Le coup de foudre était là, entre les coups en rafale reçus par ces abrutis que je laissais sur le carreau avant de la conduire chez moi.

Elle préférait finir sa nuit là. C'était notre première nuit d'amour non physique mais intense. Il devint le plus bel amour du monde et nous fera au fil du temps connaître les plus grands orgasmes. Celui de ce matin réunissait nos amours autour de nous, stupéfaits qu'il puisse être aussi puissant.

 

Ce qui nous réunissait était l'amour, était l'art, l’intelligence, l'amour de la vie, la culture, le raffinement, les bons vins, les bonnes tables.

Mais surtout la simplicité d'être seulement ensemble. Nos moments intimes et particuliers, notre soif de justice.

Elle aimait Adeline d'une beauté qui n'avait pas besoin de beaucoup pour rivaliser avec Sylvie, elle était au départ sa partenaire sexuelle. Elle avait découvert chez elle des vertus la sensibilité, la tendresse, la douceur, le calme, l'humilité, qui nous rapprochaient tous les trois, ce qui m'avait fait l'aimer aussi.

 

Adeline nous avait fait l'enfant de ce Nous si complexe.

 

« Nous. » C'était Audrey, Lucie et moi, trio hétéro largement commenté dans les pages précédentes. Leur amour pour moi avait débuté alors que j'étais dans le comas, c'est sûrement cet amour qui m'avait permis de rouvrir les yeux.

Certainement le plus bel amour qui soit entré dans ma vie depuis mes sept premiers amours aux fins tragiques. Bref, c'étaient deux très jolies filles qui m'aimaient à la folie et je le leur rendais bien. Elles m'avaient avoué leur amour alors que je ne tenais en vie que par une véritable cage de dix huit kilos de métal.

 

«  Nous, » c'était avant tout cette hétéroclite composition d'amour et d'amitié, deux hommes qui s'étaient avoués la réciprocité de leur amour. Jamais consommé, non pas par moralisme, mais parce que cet amour platonique nous convenait parfaitement et le rendait encore plus beau.

 

Mais « Nous » c'était surtout cette chaîne d'amitié qui s'était tissée, renforcée. Cette fidélité à la vie, ces bonheurs, ces peines que nous partagions. Ces comptes que nous n'avions jamais à faire quand l'un rendait un service à l'autre. Bref. « Nous » c'était une carapace, un blindage qui nous protégeait du reste du monde. Ce « Nous » c'était aussi ce lieu, « le Serrelet », ces huit cent hectares.

Lieu-dit oublié depuis l'époque du Mouna, mais qui, pour la deuxième fois, reprenait vie sous notre impulsion. La première fois s'était révélée un échec !

Car bâtie sur la recherche du passé, sur des disparus qui avaient marqué nos vies. L'essentiel avait été oublié. On ne bâtit pas l'avenir sur des cendres encore trop chaudes pour que les fondations puissent résister aux non-dits, aux qu'en-dira-t-on, où le moindre échec devenait catastrophe.

Le sept du Serrelet avait vu défiler des va-nus-pieds jusqu'à un ministre, des femmes belles à faire bander des aveugles, des stars, des artistes, des penseurs, des héros, des messieurs tout le monde. Des cracks et des tocards.

Mais les fondations que nous coulions maintenant étaient tournées vers l'avenir, bâties sur de l'amour et de l'amitié.

Le slogan national liberté, égalité, fraternité existerait au moins ici, dans ce lieu-dit d'un petit village qui peuplait le trou du cul du monde. C'est un point invisible sur une carte routière de France. Pourtant, c'était officiel, la forteresse du père Georges était devenue le siège social de l'institut national de recherches appliquées du Sarret. Nous étions partenaire officiel de l' INRA. Sous la tutelle directe du ministre de l'agriculture.

Publicité
Publicité
Commentaires
le troubadour
  • Mon enfance, ce sont mes souliers mouillés et percés portant mon tronc cassé par les coups et le travail de la terre. Mon enfance, ce sont mes amis tombés dans la lutte, mais juste décorés par mes larmes. Mon enfance c'est la découverte de ce monde cruel
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité